Pensées d’enseignante par temps de COVID
La porte de mon bureau s’est refermée. Le silence a enveloppé l’espace, il s’est glissé dans les salles, sur les chaises. Le tableau blanc est resté plus immaculé que jamais. Nous voilà séparés, mars 2020, un instant étrange se joue. Un instant qui s’installe, une semaine, deux semaines puis on cesse de compter les jours.
Les liens entre enseignants et étudiants se sont poursuivis. Derrière les écrans, à travers nos plateformes de travail, en visioconférence, à distance, en synchrone, en asynchrone, nous avons cherché, dans l’urgence, mais comme une absolue nécessité, à faire vivre ici et là-bas la continuité pédagogique.
Personnellement, j’ai vécu cet instant comme une opportunité. Après le choc du début, parfois l’abattement revenait, mais toujours l’élan prenait le dessus. L’envie d’enseigner, de transmettre, d’être présente pour ceux et celles qui construisent leur avenir et qui ont choisis d’embrasser le droit. Je ne pouvais pas flancher, je ne pouvais pas fondamentalement changer. La distance est devenue un défi et un impératif plus criant que jamais pour repenser la pédagogie. J’ai eu envie d’être encore plus présente pour les étudiants et étudiantes, pour mes collègues, dans mes travaux de recherche. Soudain je réalisais que ce virus m’avait séparé de mes amphithéâtres mais qu’il m’offrait de nouvelles armes pour repenser l’enseignement de demain.
Rebondir, alors que nous voilà de nouveau confinés et séparés de cette nouvelle promotion. Rebondir grâce à de nouvelles approches, partager des musiques en début de cours, répondre à vos questions en visioconférence, à l’oral, à l’écrit. Connaître peut être moins bien les traits de vos visages, les cases noires prenant souvent le dessus, mais apprendre du son de vos voix, y entendre, à défaut de les voir, vos doutes, vos approximations, vos faiblesses et chercher à vous accompagner dans cette nouvelle formation que vous avez choisi envers et contre la COVID, envers et contre ce monde maladroit qui s’offre à vous, qui s’offre à nous. Vous demander de faire vivre votre créativité et en recevant vos propositions de dessins pour représenter la hiérarchie des normes être prise d’un sentiment vif et bienfaisant : tout ce que nous construisons ensemble a du sens. De cela, au moins, il ne faut jamais douter.
Alicia Mâzouz
Maîtresse de conférences en droit privé
Responsable de la licence DCJ pour le campus d’Issy-les-Moulineaux
Article édité le 24 novembre 2020
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